LE
CHANT SICILIEN
Par Rosaire di Stefano
De l’association « Normandie-Sicile »
Pour le Sicilien, le chant est
le moyen le plus simple d'expression. On compare souvent les
chanteurs de Sicile avec les ménestrels du moyen âge
qui racontaient les histoires de la vie sur les marchés
et les places publiques. On les appelait : CANTASTORIE. Les
chante-histoires.
Le chant populaire est issu des cultures régionales.
Les contrées les plus pauvres et les plus opprimées,
surtout agricoles, ont exprimé, à travers les
siècles, les sentiments forts qu'un peuple en souffrance
peut exprimer. Un peuple toujours tenaillé par de vieilles
peurs et habité par une rage impuissante. Les chansons
parlent de désirs inassouvis. Mais elles sont souvent
à caractère d'invocation et de prière.
La sacralité qui en découle est simple et franche.
Jamais obsédante. Le mouvement dramatique de certains
thèmes évoqués se trouve, en quelque sorte,
allégé par le contraste et la diversité
des sentiments exprimés. (Invocations, protestations,
amour et passion, humour et dérision, soif de justice
etc... ) La procession de Marie au 15 Août est toujours
une fête empreinte de fraîcheur et de gaieté.
Les berceuses pour enfants rappellent que l'enfant est roi et
qu'à travers lui c'est le Christ qui est honoré.
Une déclaration d'amour devient apologie de la beauté.
Oui, le Sicilien peut être excessif. Mais comment se sentir
vivre sans un peu d'exagération ? Par le chant, nous
entrons dans le cur d'une île qui n'a jamais fini
de vibrer et d'aimer.
IL
CANTO SICILIANO
Da Rosaire di Stefano
Del gruppo vocale NORMANDIA-SICILIA
Per il Siciliano, il canto è il mezzo
più semplice d'espressione. Spesso i cantanti della Sicilia
vengono paragonati con i menestrelli del Medioevo che raccontavano
le storie della vita sui gradini e le piazze pubbliche. Erano
chiamati:i cantastorie, i canti storie.
Il canto popolare è nato dalle culture regionali. Le
contrade più povere e più oppresse, sopratutto
agricole, hanno espresso attraverso i secoli, i sentimenti forti
che un popolo sofferente potesse esprimere. Un popolo sempre
travagliato da vecchie paure e animato da una rabbia impotente.
Le canzoni parlano di desideri inappagati ma assumono spesso
un carattere d'invocazione e di preghiera. La sacralità
che ne deriva è semplice e sincera, mai ossessionante.Il
movimento drammatico di alcuni temi evocati si trova, in certo
qual modo, allegerito dal contrasto e dalla diversità
dei sentimenti evocati. (invocazione, protesta, amore e passione,
umorismo e derisione, sete di giustizia ecc...) la processione
di Maria il 15 agosto è sempre una festa impronta di
freschezza e di allegria. Le ninnananne per i bambini ricordano
che il bambino è re e tramite lui viene onorato il cristo.
Una dichiarazione d'amore diventa apologia della bellezza...
Già, il Siciliano puo' diventare eccessivo. Ma come aver
l'impressione di vivere senza un po' d'esagerazione ?
Con il canto, entriamo nel cuore
di un'isola che non ha finito di vibrare ed amare.
Toutes
les chansons sont chantées par Rosaire Di Stefano
La
couronne : une fille du peuple
refuse une couronne, fidèle à son amoureux. Le
vilebrequin : une belle histoire d'amour." J'aimerais
acheter un vilebrequin pour perforer ta porte. Je voudrais t'admirer
quand tu te déshabilles pour aller te coucher. Une barque
chargée d'amour est venue vers toi. Les astres riaient,
les miroirs de la mer tremblaient. Béni soit le dieu
qui t'a faite si belle. Ta maison n'a pas de lumière
mais elle brille par ta seule présence." Amère ma terre : je retourne chez moi après
tant d'années. Tu n'es plus là. L'olivier se met
à nu. Tombent les olives. Les chiens fous hurlent dans
la campagne. Le coeur serré et l'oeil humide, je repars
en exil.
Qu'il
est haut le soleil : prière. Seigneur, faites baisser
le soleil. Ne le faites pas pour les patrons, mais pour les
pauvres journaliers. Ceci
est ma voix, mon cri : un
prisonnier s'évade pour rejoindre sa bien-aimée.
Mais celle-ci a trouvé un autre compagnon. "Lu
santo diavulini - si j'avais su cela, je me serais contenté
de mourir dans ma prison."
. Le saint diable était souvent évoqué
pour exprimer la stupeur, la colère. Le drame vécu
par les prisonniers a été beaucoup chanté
par les chanteurs populaires siciliens. Sans doute parce que
cette terre a connu, à bien des périodes, l'aaservissement.
La grande Rosa Balistreri a chanté sur ce thème
: "noi siamo nell' inferno carcerati - nous sommes
en enfer, enfermés". Qui te l'a dit ? : qui te l'a dit que je veux
te quitter ? Mieux la mort que cette grande douleur.
Délicatesse
: une chanson aux accents moyenâgeux. Une apologie
de la beauté. " Pour vous je m'essouffle et
je meurs. Quand à mes côtés vous cheminez,
l'air s'éclaircit s'il est agité." Et la Sicile fut : Une ancienne légende
raconte que Dieu, après avoir créé l'univers,
les étoiles, la terre, la mer...
Il regarda autour de Lui : oui, tout était vraiment
très beau, mais il manquait un je ne sais quoi... Il
manquait un endroit « pas comme les autres »,
un endroit où le bleu de la mer et l'azur du ciel embrasseraient
tendrement une terre verte et parfumée ; un endroit
où les chauds rayons jaunes du soleil caresseraient
des fruits et des fleurs aux mille couleurs ; un endroit où
la couleur blanche couvrirait d'un manteau étincelant
la cime des montagnes ; où la rougeur du feu chanterait
la vie et où la noirceur évoquerait la mort
; où la couleur orange an¬noncerait le crépuscule
et la couleur rose l'aurore. Une terre où dansent les
chants, les couleurs et les parfums, les joies et les peines
; une terre heureuse et généreuse où
il fait bon vivre. En
rêvant cela, Dieu était tout ému ; si
ému qu'une larme de joie tomba du ciel, en plein milieu
de la Méditerranée. Il en sortit une grande
île : une terre d'une exceptionnelle beauté,
faite de couleurs et de parfums, de force et de joie et d'amour.
Dieu vit tout cela. Il sourit et donna à cette île
le nom de SICILE. E vui durmiti encora ( Et vous dormez encore ) Le soleil est déjà levé sur la mer.
Et vous, ma beauté, vous dormez encore. Les oiseaux sont
fatigués de chanter et, frigorifiés, attendent
que vous daigniez apparaître. Allez, réveillez-vous.
Parmi eux, dans cette cour, j’y suis aussi à vous
attendre, pour entrevoir votre beau visage. Je passe dehors
toutes mes soirées. Les fleurs sans vous ne peuvent rester.
Elles se recroquevillent. Elles ne veulent pas éclore
tant que ce balcon restera fermé. Dans leurs boutons,
ils se cachent et attendent votre apparition.
I pirati a Palermu
( les pirates à Palerme )
Ils sont arrivés les bateaux. Tant de bateaux à
Palerme. Les pirates ont débarqué avec leurs
face d'enfer. Ils nous ont volé le soleil. Nous sommes
restés dans le noir. Quel noir... Pleure Sicile ! Ils
ont volé, pillé, saccagé, violé.
Pleure Sicile. ( Une île décidément mal
placée ) La pampina di l'aliva
( C'est le rameau d'olivier, symbole de paix )
C'est une mélopée accompagnant la cueillette des olives. Travail
pénible naguère que les femmes assumaient. Chantée pour stimuler
les énergies. Comme dans le film "Riz amer" où les femmes
chantent dans les rizières du nord. ( Le vent arrive, secoue
les branches et fait tomber les olives ) Levatillu stu cappeddu
( Enlève donc ce chapeau )
Une coquette s'affuble d'un chapeau ridicule. " Enlève
donc ce chapeau ridicule. Ne vois-tu pas qu'il ne te va pas
? Ô Cirina, tu es fille de prolétaire.
Lu
focu di la pagghia ( Le feu de paille ) "Ton amour fut un feu de paille. Le soleil a obscurci
le ciel et la mer. Mon coeur est en douleur. Tu m'as offert
des épines en guise de fleurs." Lu mucaturi
( Le mouchoir)
Une belle offre un mouchoir à son élu. Elle le
lave dans une eau d'or, avec un savon d'amour. Puis elle l'étend
sur une rose à l'oeil du soleil. Maria di Gesu ( Marie de Jésus )
" Par Trapani, Marie de Jésus est passée.
Sur leurs épaules, les marins l'ont portée."
Les fêtes religieuses se sont pas toujours douloureuses
en Sicile. C'est une belle procession que celle qui est consacrée
à Marie le 15 août. Sur une terre où dansent
les joies, les chants, les parfums, Marie passe en revue le
peuple qui l'acclame. Les cloches carillonnent. On lui offre
un joli voile. La Madonna est entourée des moines et
des vierges. Cela complète l'atmosphère de fête
qui règne dans la cité. " Je vous bénis,
fils et je m'en vais."
Palumedda (La petite colombe) Berceuse sicilienne
- La nina nana Sciccareddu ( Petit âne ) Un paysan pleure son
âne tué par des rôdeurs. " Je pense
toujours à lui. C'était une joie de l'entendre
chanter comme ceci : Han hi han... Il était fier et heureux
quand il me portait partout. Il se dandinait. Quelle bonheur
pour ceux qui le regardaient et l'entendaient. Han hi han...
" Si maritau Rosa ( Rosa s'est mariée ) "Voici le printemps. Les amandiers sont en fleurs.
Et moi, en mal d'amour, j'ai le coeur qui flambe. Les oiseaux
batifolent. Sainte Marie qu'ils sont beaux ! Ils veulent se
marier. Rosa,Saridda et Pipinedda sont déjà mariées.
Et moi qui suis jolie, je veux aussi me marier. Je garde ma
porte ouverte. Je pleure. Avec ma peine et mes larmes je néglige
ma vie. Je veux me fiancer, je veux me marier. Maintenant que
j'ai perdu tout espoir, je m'enferme dans ce couvent et je n'y
pense plus."
C'est la triste histoire d'une beauté rare qui n'a pas
trouvé de mari et qui trouva la vie bien amère.
Signuruzzu
chiuviti chiuviti ( Seigneur pleuvez pleuvez...) "Seigneur pleuvez pleuvez car les arbres sont assoiffés.
Envoyez-nous-en une bonne sans éclairs ni tonnerres.
Seigneur vous nous punissez car vous nous privez de pain. L'eau
du ciel rassasie la terre. Nos larmes aussi tombent dans la
terre et Dieu nous fait la charité. Seigneur pleuvez
pleuvez..." Terra ca non senti : (Terre qui n'entend pas. Terre insensible.)
Tous les émigrés forcés du monde ont chanté
leur nostalgie. Regrets exprimés avec douleur mais rappel
aussi du souvenir heureux laissé derrière soi
: il est souvent question de ciel bleu, de fleurs ou d'amours
en attente du retour...
Mais avec Terra ca non senti, la colère submerge toute
image poétique. Le désespoir du non retour tarit
les coeurs. C'est l'amertume du reproche qui couve et qui fuse
en rage impuissante. Une terre que l'on ne peut haïr et
que l'on ne peut chérir. Une terre qui ne veut pas comprendre,
qui ne dit rien me voyant partir, ne fait rien pour me retenir.
Rien pour me faire revenir... " Mère, pourquoi m'as-tu abandonné ?
" C'est le même cri poussé sur une croix
envers un père trop près pour entendre. "- Maudites soient toutes ces années où
j'ai mis mon coeur en guerre. Exilé,ballotté,
amputé de ma substance. Banni de sa terre sans avoir
péché, intrus quelque part sans vouloir gêner,
l'exilé chante pour s'exorciser. " Ti nni vai (Tu t'en vas )
La Sicile, terre de grande émigration : "Tu
t'en vas. Avec quel coeur tu m'abandonnes ? Le soleil disparaît
mais il revient demain. Si moi je pars, je ne reviendrai plus."
Turnata (
Retour )
Quand ma mère me disait : " Mon fils, comme
ton père, tu es toujours Sicilien. Ton pays, le ciel
et la mer t'attendent. Dans le monde entier tu t'en vas errer.
Ailleurs tu t'en vas chercher qui sait quelle vie, qui sait
quelles calamités. Reviens fils, L'Amérique
c'est ici. Au milieu de la mer, la Sicile est comme l'étoile
que l'on regarde pour savoir, pour comprendre. n'oublie pas
de retrouver ton chemin, ton destin, ta mère t'attend.
Je reviendrai à ma maison pour retrouver père,
mère et fils. Et pour pour ce travail, pour ce pain,
demain Dieu y pourvoira...." Un populu ( Un peuple ) Poème de Ignazio Buttitta
: "Un peuple, enchaînez-le, déshabillez-le,
clouez-lui le bec, il est encore libre. Enlevez-lui le travail,
le passeport, la table sur laquelle il mange, le lit où
il dort, il est encore riche. Mais un peuple devient pauvre
et asservi quand on lui vole sa langue, héritée
de son père. Elle est perdue pour toujours...
"
J'ai
vu un crâne sur un pic
:
chanson fétiche sicilienne. Un vieillard fait le bilan
d'une vie qu'il n'a pas vu passer. "S'en sont allées
mes années je ne sais où..." Mais
un jardin rempli de fleurs l'attend dans l'au-delà.
Là où tous les oiseaux de la création
viennent y chanter et où les sirènes viennent
y faire l'amour. Ce jardin, c'est la Sicile. Africa nostra : En Tunisie, protectorat Français, très
proche de la Sicile, les Siciliens qui y furent exilés ont
largement contribué à la construction de ce pays. ( La photo:
Mon père dans sa fonction de "colonialiste maçon" fut plutôt
exploité qu'exploiteur.)
O Lola ch'ai di latti la cammisa
La
campagnola
O Patri Manueli
Franceschina
Franceschina
: Elle s’appelait Franceschina. Elle est arrivée
en Tunisie. Elle était belle comme la sainte paix. Belle
dame inconnue, belle dame du passé… Elle s’appelait
Franceschina comme ma mère et ma fille. Belle Franceschina.
Ils sont arrivés nus et crus. Ils ont trimé comme
des ânes. Se sont desséchés au soleil pour
trois sous et quatre olives. Ils sont arrivés avec leur
truelle, ils ont oublié leur fusil. Elle s’appelait
Franceschina. Elle était belle comme la sainte paix. Quelques
os et un crâne sont jetés aux épines. Quelques
os et un crâne sont restés de ma grand-mère.
Grand-mère inconnue, pardonne-nous. Belle dame abandonnée,
pardonne à Dieu. Belle dame du passé, sans histoire
et sans croix, tes enfants se sont dispersés, tes enfants
se sont damnés.
Elle s’appelait Franceschina… Les jeunes gens te jouaient
la sérénade sous la lune Africaine. Pour cette grand-mère
la plus belle qui était un diamant pour les étoiles.
L’étoile la plus brillante qui s’appelait Franceschina….
A toi je me lègue, tu es mon héritière. Je
me suis entiché de toi. La « nina nana » tu
me fais.(berceuse). Ton sourire est toujours présent. Belle
Franceschina.
Par amour pour toi, pour mon honneur, je me dis Africain. Je suis
Africain comme toi, moi, je suis comme toi Africain. Tu n’es
plus une inconnue, ô belle Franceschina. Ma voix est ta
voix, ta croix est ma croix…
Notre
intervention en Sicile
Notre groupe musical a tenté l'aventure en Sicile. Devant
près de deux cents Siciliens, nous avons chanté
leurs chansons populaires. Dans un théâtre de verdure
de rêve, les caroubiers et les oliviers centenaires étaient
illuminés pour la circonstance. Le recrutement s'est
fait de bouches à oreilles, à la plage, à
la gelateria, partout où nous étions sûrs
d'être accueillis avec le sourire. Chacun est venu avec
sa propre chaise et des friandises. Nous avons commencé
nos chansons un peu stressés. Puis, devant leurs visages
ébahis et leurs applaudissements plutôt nourris,
nous nous sommes éclatés. Nous avons, à
la demande, chanté aussi quelques chansons françaises,
notamment l'inévitable " vie en rose" de Piaf,
qui semble être connue et appréciée des
Italiens. On nous a posé beaucoup de questions. L'Europe,
nous ont-ils dit, on en parle beaucoup sur le papier et très
peu sur le terrain. Le chant Sicilien, made in Normandy, leur
a plu. Nous espérons débarquer encore sur cette
île fantastique.
La
Sicile et les Normands dans l'Opéra
"Dans
l'imaginaire des librettistes et des compositeurs de toutes les
époques, la Normandie n'a pas joué un rôle
comparable à celui d'autres pays, comme l'Italie, in primis,
ou l'Orient lointain. Les opéras dont l'action se déroule
en Normandie ou dont les sujets prennent leur source dans l'Histoire
se comptent sur les doigts d'une main :
Robert le Diable de Jacques Meyerbeer - Les Normands à Paris de
Saverio Mercadante - La Sarrasine de Salvatore Butera - Le Roi
Roger de Karol Szymanowski" Anna Tedesco
Un
berger parcourt la Sicile en convertissant le peuple au culte
d’un dieu païen. Lorsqu’il arrive dans le royaume du Roi Roger,
le souverain puis son épouse sont séduits par cet étranger qui
ébranle progressivement leurs certitudes.
Le Roi
Roger
Dessin de costume
par Renato Guttuso
Représentation de 1949 à Palerme
Tancredi
est un opéra de Gioachino Rossini, sur un livret en italien
de Gaetano Rossi d'après la tragédie de Voltaire,
créé à La Fenice de Venise le 6 février
1813.
Di tanti palpiti -Marylin
Horne
À Syracuse, pendant l'invasion des
Sarrasins. Tancrède a été banni de la ville
mais Amenaïde l'aime et lui envoie une lettre pour lui
demander de revenir déguisé. La lettre ne porte
pas le nom de l'expéditeur. Pendant ce temps le père
d'Amenaïde, Argitio, donne la main de sa fille à
Orbazzano.
Tancrède
n'a pas reçu la lettre d'Amenaïde mais est cependant
revenu déguisé à Syracuse.
La
lettre d'Amenaïde est interceptée et Orbazzano la
jette en prison, pensant qu'elle était destinée
au chef sarrasin. Tancrède ne fait plus confiance à
Amenaïde.
ACTE I - ARGIRE
Des droits des nations, du bonheur
des humains, Les césars de Byzance, et
les fiers sarrasins,
Nous menacent encor de leur joug tyrannique. Ces despotes altiers, partageant
l'univers, Se disputent l'honneur de nous donner
des fers. Le grec a sous ses lois les peuples
de Messine ; Le hardi Solamir insolemment domine
Sur les fertiles champs couronnés par l'Etna, Dans les murs d'Agrigente, aux campagnes
d'Enna ; Et tout de Syracuse annonçait
la ruine. Mais nos communs tyrans, l'un de
l'autre jaloux, Armés pour nous détruire,
ont combattu pour nous ;
Ils ont perdu leur force en disputant leur proie. À notre liberté le
ciel ouvre une voie ; Le moment est propice, il en faut
profiter.
Paris Duchesne 1771
La
scène est à Syracuse, d'abord dans le palais d'Argire
et dans une salle du conseil, ensuite dans la place publique sur
laquelle cette salle est construite. L'époque de l'action
est de l'année 1005. Les sarrasins d'Afrique avaient conquis
toute la Sicile au IXe siècle ; Syracuse avait secoué
leur joug. Des gentilshommes normands commencèrent à
s'établir vers Salerne, dans la Pouille. Les empereurs
grecs possédaient Messine ; les arabes tenaient Palerme
et Agrigente.